Aigre douceur de l'abandon des problématiques minoritaires chez Marc Prescott

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Date

2011

Authors

Lepage, Élise

Advisor

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Publisher

Department of French: Dalhousie University

Abstract

Auteur de plusieurs pièces de théâtre depuis le début des années 1990, Marc Prescott est un acteur de premier plan de la dramaturgie franco-manitobaine dont il contribue au profond renouvellement et au dynamisme. Après des études à l’École nationale de théâtre du Canada à Montréal, il devient responsable de la troupe universitaire Chiens de Soleil du Collège Universitaire Saint-Boniface et de la troupe Vice-Versa. Il est également connu pour ses traductions et ses mises en scène. Souvent écrites dans un style parlé mâtiné de franglais et d’expressions crues, ses textes jouent d’une esthétique de la fragmentation et se donnent à lire et à voir comme des critiques virulentes de la société en général… et de la société franco-manitobaine en particulier. L’étude de ses pièces ne peut éluder le contexte de minorité dans lequel elles sont écrites; pourtant, le traitement de ce contexte évolue lui-même dans l’oeuvre de Prescott. Seront examinées ici deux pièces mettant chacune en scène un couple : Sex, Lies et les Franco-Manitobains, sa première pièce créée en 1993, et Encore, créée en 2003. Si la première pose ouvertement les questions propres aux minorités – la surconscience linguistique, l’isolement, la précarité, le pouvoir anglophone, etc. –, la seconde semble “décontextualisée” à tous points de vue – géographique, historique, sociologique, linguistique –, plus aucun indice de son caractère franco-manitobain n’apparaissant. Reposant sur une habile mise en abyme dramatique, elle thématise bien plutôt la duplicité et le rapport au temps, ainsi que son titre le suggère. Il s’agira donc d’étudier dans quelle mesure cette décontextualisation d’une pièce à l’autre peut s’interpréter comme un affranchissement des problématiques minoritaires et ce qu’elle implique en termes de rapport au temps et à l’histoire, tant sur le plan collectif qu’individuel. Si Sex, Lies et les Franco-Manitobains se place sous le signe d’une précarité généralisée, Encore, pièce du ressassement infini tel que son titre l’indique, n’est pas une pièce de la répétition pure et simple, et moins encore de l’évacuation euphorique des problématiques traditionnelles de la littérature franco-manitobaine; nous montrerons que cette pièce aborde des enjeux résolument différents et suggère une conception inquiète du temps, de la relation à l’Autre, de l’identité et finalement de ce que Paul Ricoeur nomme la « permanence dans le temps » (140).

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